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Un Objet, un Jour
25 avril 2014

Un Objet, un Jour

C’était un jour de lassitude, un jour de doute.  Une insatisfaction vous bouleverse jusqu’au plus profond de soi, comme un séisme aux premiers jours de la terre.  Et vous tombez à genoux, le corps humble, laissant couler ces mots : « je ne sais plus »… Quand tout à coup l’objet se dévoile – juste un peu – à votre regard, comme une seconde chance qu’il vous appartient de saisir ou non.  Et vous renouez avec les mots…
 

LheurePresente



Aujourd’hui, l’Objet est un recueil de poésie « L’Heure présente » d’Yves Bonnefoy.  Il m’est venu l’envie de partager avec vous, ce poème : Le lit, les pierres.

Le premier Homme, la première Femme posent leur regard sur l’Objet, lui donnant un nom tour à tour.

« Ecrire à deux le monde aurait quelque sens… » dit le poème. 

Et le sens de l’Objet se dévoile, couche par couche, il s’épèle, il s’écaille sous le regard changeant du jour qui passe, jusqu’au « lit au loin, déjà couvert de pierres. »

Elle nomme le lit, qui est plus vaste
Que le pays qui s’étend devant eux,
Ce désordre de flaques et de joncs,
Et de lumières, où des ailes remuent.

Et lui nomme la pierre,
Ses masses fissurées, ses grands creux d’ombre.
Puis l’un et l’autre nomment la nuit qui vient,
Un pour la dire obscure, l’autre claire.

Que l’on donne deux noms à ce que l’on aime !
Ecrire à deux le monde aurait quelque sens,
Dit à Adam rêveur Eve soucieuse.

Ils vont, ils ont nommé, tant les mots veulent bien,
Une maison, le safre, une huppe, un ravin,
Un lit au loin, déjà couvert de pierres.


in L’Heure présente et autres textes
de Yves Bonnefoy
Ed. Gallimard 2014

 

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